Au contraire !

La consigne : écrire une phrase, passer la feuille au suivant qui écrit l'inverse de la phrase avant de cacher la première phrase pour passer la feuille au suivant qui écrit l'inverse et qui passe au suivant ne laissant voir que sa phrase... faire le tour de la table comme on fait un tour du monde.

 

Inverses mais qu'est ce que cela veut-il bien pouvoir dire ? Comment s'organiser pour écrire l'inverse de la phrase qui précède la notre ? Comment inverser le monde, comment trouver le trou noir de notre soleil, où est donc notre anti planète, où est mon non-moi ?

On peut prendre la phrase, en inverser le sens, la rendre négative là où elle était positive, mais on aimer jouer, alors on va prendre les mots les uns après les autres, en trouver des opposés. Mais opposer quoi à quoi ? Si l'on peut dans un premier temps opposer la foule au désert, celui ci devenu banquise deviendra après un passage par la plage puis la rue, la terrasse abritée, dernier refuge où l'on peut encore se taire une fois tombée cette avalanche de mots où la pluie fait place au soleil qui se transforme en nuit. L'inverse du bonheur est le malheur et ça se vérifie chaque jour, on oppose chaud à froid et d'ailleurs au bout d'un moment l'on s'ennuie. L'inverse n'est rien que du sens commun sommes toutes, mais comment trouver l'inverse d'une jupe haute, est-il possible que ce soit le pantalon baissé ? Et si l'obligation de s'épiler faire se plier tout le monde, l'inverse du lundi serait-il le dimanche, et l'inverse de parler serait-il se surpasser ? L'inverse de César serait son frère mais aussi pourquoi pas sa sœur ? Et si je cherche l'inverse du fait que l'autre est en faute est-ce alors à moi de porter la faute, ou dois-je par mon écriture ôter tous les péchés du monde afin que plus personne ne porte jamais rien? C'est là que la jupe se transforme en short, et que chacun se retrouve, femmes, hommes et boucs émissaires, avec sa jupe culotte sur les chevilles l'air un peu ridicule de n'avoir pas réussi à cerner les limites du monde mais heureux de ce désarroi innocent dans lequel nous plonge la vie !

Frédérique

 

 

 

Il fait très froid, le temps est pluvieux et humide. Les promeneurs grelottent et claquent des dents.
Il fait chaud et sec. Personne. C’est le désert, sinon on transpirerait en ayant la bouche sèche.
Il fait froid et il pleut. Il y a foule. C’est la banquise et on dégouline en ayant les pieds trempés.
Il fait chaud et il fait soleil, il n’y a personne sur la plage et on se sèche en ayant la tête sèche.
Il fait froid et sombre, il y a foule dans cette rue, et on se congratule en gardant la tête froide.
Il fait chaud, la lumière est éblouissante, dérangeant. Pas un chat aux alentours, personne pour acclamer son exploit.
La pénombre, la terrasse ombragée, silencieuse mais bondée est agréable.
La page qui tourne

 

J’ai décidé de ne plus m’épiler les jambes, ça fait trop mal, quant aux dessous de bras, n’en parlons pas !
On t’a forcée à laisser pousser les poils sur les bars, c’est plutôt agréable, mais sur les jambes, parlons-en !
On t’a aidée à enlever les poils sous les jambes, c’est pas drôle, mais sous les bras on n’en cause pas.
On t’a interdit d’enlever les poils sur tes jambes, c’est drôle mais sous les bras on en recausera.
Imberbe, sur tout le corps, y’a rien de mieux, pas d’obstacle, on glisse, on va plus vite dans l’eau, un slogan : à poil sans poils, on se surpasse !
Etre poilu quel embarras, rien ne va plus, tout bloque. Etre imberbe, quelle évidence, c’est parfait, ça simplifie tout.
La page qui tourne

 

Le vent frais a soulevé les jupes des filles ce matin. Vivement l’été !
La chaleur douce a fait descendre le short sur les genoux des garçons. Ce soir j’ai envie de l’hiver.
Le froid rigoureux a fait remonter le short au-dessus des genoux des filles, ce matin je n’ai pas envie d’hiver.
La douce chaleur estivale ôta toute envie aux filles de porter un short, ce soir ce sera la fièvre du samedi soir.
La froideur de l’hiver leur donna envie de porter un short, elles grelotteraient le dimanche matin.
La chaleur de l’été leur donna envie de se vêtir d’une jupe, elles transpireraient lundi soir.
La froideur de l’hiver ne leur donna pas envie d’ôter leur pantalon, elles grelotteraient dès le matin.
La page qui tourne

 

J’ai envie de trouver « le monsieur à qui s’en prendre ». Ce monsieur serait là à chaque fois qu’il y aurait un problème.
Je n’ai pas du tout envie de trouver « le monsieur à qui s’en prendre » car je n’aime pas les boucs émissaires.
Quel bonheur de remettre la faute sur celui qui n’y est pour rien.
Quel malheur de porter la faute des autres sur soi, alors qu’on se sent innocent.
Quel bonheur de rendre à César ce qui lui appartient, tout en gardant ce qui nous arrange.
Quel malheur de prendre à Auguste ce qui lui appartient, tout en laissant ce qui nous gène.
Que de bonheur de donner à Auguste ce qui n’est pas à lui, tout en donnant ce qui nous fait plaisir.
La page qui tourne