Aujourd'hui ou demain

 

Nantes demain, Nantes plus tard 

 

Et si on jouait à : « Si on était demain à Nantes » ?

- Il y aurait sûrement encore la cathédrale.

- Et l’éléphant ?

- Oui, l’éléphant sera conservé… mais ce sera un éléphant à pédales.

- Avec des hommes à l’intérieur.

- Oui, des hommes qui pédaleront.

- Ils pédaleront longtemps ?

- Oui, assez longtemps.

- Alors, ces hommes seront des esclaves ?

- Mais non, voyons, tu sais bien qu’à Nantes il y a un mémorial, on ne va tout de même pas réinventer l’esclavage !

L’enfant réfléchit…

- Et les ponts ? Est-ce qu’on gardera les ponts ?

- Oui, bien sûr, on aura toujours besoin de traverser la Loire.

- Mais s’il n’y avait plus de pont, on inventerait des voitures sauteuses, des voitures qui peuvent sauter, sauter par dessus les cours d’eau.

- Alors ça, ce serait chouette !

- Et le jardin des plantes, on le gardera ?

- Oui, mais on y mettra des vaches pour avoir du bon lait, des vaches et des moutons, amis pas des chèvres, il y a de très beaux arbres à conserver, les chèvres abimeraient les écorces.

- Et les vaches, qui viendrait les traire ?

- On demanderait ça aux jardiniers des espaces verts, comme ils n’auraient plus à tondre les pelouses, ils auraient du temps libre.

- Et les enfants, est-ce qu’il y aurait encore des enfants dans cette ville-là ?

- Oui, il y aurait beaucoup d’enfants mais ils n’auraient plus le droit de poser autant de questions !

- Alors ce serait une ville triste et j’irais habiter à la campagne, peut-être avec une des vaches… pour la compagnie… et pour le lait.

 

Marie-Annick

 
 

 

Manif'

 

Une manif devant la médiathèque ! La troisième cette semaine. Les plus grands râleurs ne feront que se plaindre des embouteillages. Les curieux, quant à eux, s’approcheront et se laisseront happer par l’atmosphère toute joyeuse qui en émane : des gens de toutes les couleurs qui chantent, qui dansent, des enfants qui jouent, des skateurs qui cohabitent avec des jeunes adeptes de street art… Et les curieux chercheront à comprendre pourquoi ce joyeux bazar. Ils approcheront, attirés par les lumières tenues à bout de bras par les manifestants, et oseront poser la question. Ils s’entendront répondre qu’ils veulent voir les livres quitter leurs étagères, qu’ils rêvent de voir les mots d’affranchir de leur support papier, et quitter leurs couvertures plastifiées.

Les terre-à-terre leur riront au nez : a-t-on déjà vu les mots s’envoler ? Quelques uns pourtant décideront de grossir le flot des rêveurs.

Les râleurs klaxonneront, et auront oublié la manifestation une fois leur voiture garée au pied de la tour vitrée en haut de laquelle ils travaillent toute la journée.

 

Noémie