Liberté, égalité, fraternité

 

 

La page blanche : un espace de liberté, qui aurait pu être autre chose une fois qu’elle est noircie. Elle aurait pu être une feuille comptable, un testament, un brouillon, une lettre d’amour ou rien de tout cela.

Un espace d’inégalité que certains auront plaisir à occuper, que d’autres peineront à remplir ; un espace vertigineux pour ceux qui ont peur des mots, un espace réjouissant pour ceux qui savent les apprivoiser.

Un espace qui rapprocherait les gens, mettant à distance l’indifférence, ou la peur, l’incompréhension. Les mots veulent tous dire la même chose dans des langues différentes : tu es mon frère quelle que soit la couleur de l’encre avec laquelle tu écris. J’essaie de te comprendre, de te rejoindre.

Nous nous couchons sur des feuilles blanches, nous les jaunes, les blancs, les noirs, les rouges, nos mots s’envolent avec elles, nos âmes pénètrent le monde, nos mots circulent, se contestent, nous grandissent, nous questionnent, la feuille blanche a pris couleurs aux yeux du monde.

Se coucher sur une page aux côtés de l’autre est plus facile que se coucher dans un lit, et par les mots la fraternité féminine des blanches, noires et rouges, rencontre en égalité la fraternité masculine des rouges, noirs et blancs, et en plus, il n’y a pas de draps à laver.

Alors pourquoi n’écrire qu’en bleu et noir ?

 

La page qui tourne