Tempête

 

 

Papier glacé couleur banquise, comme un iceberg où mes mots comme des vagues viennent se heurter. Eviter le naufrage de la pointe Bic comme le Titanic.

Une solution pour éviter le naufrage, mettre la pointe droit devant, nez au vent, et se laisser confiant face aux déferlantes, affronter la peur des vagues abruptes et laisser filer la pointe. Tout écart de trajectoire peut être fatal : une « fôte » d’orthographe dévie le cap sérieux d’une missive, une erreur de grammaire et la coque prend l’eau, un mot mal choisi et la poésie coule à pic dans la mer de la morosité, ou pire, de la vulgarité.

Parier sur l’adresse du capitaine, garder le cap, suivre la route tracée par son imagination, véritable carte au trésor du plaisir d’écrire. Le chemin le plus court n’est pas toujours la ligne droite, la pointe Bic le sait bien ! Surtout sur la carte marine, tracer son chemin de mer n’est pas une mince affaire, il faut tenir compte de la violence du vent, de la dérive des mots, de la vague des adjectifs, des remous provoqués par les adverbes, du ressac de certains verbes et de la colère des points d’exclamation, … tout ce qui peut faire que le navire perde son cap.

Si malgré toutes ces précautions les mots se couchent sur le papier, si l’encre jetée ne suffit plus à stabiliser l’écrit du narrateur, une seule solution : jeter une bouteille  à la mer, le dernier message est souvent le plus important.

 

La page qui tourne